Les media
Ils ont dit:
Est-ce que les e-mails de menaces peuvent tuer ?
A quoi ressemble la vie de famille vue par une araignée observatrice ? Que ressent une personne à qui l’on a greffé le visage de quelqu’un d’autre ? Peut-on tuer quelqu’un en lui envoyant des e-mails ?
Les réponses à toutes ces questions, nous les trouvons en lisant le passsionnant recueil « Le jagüey et autres récits », écrit par la Cracovienne Joanna Jarecka-Gomez. Chacune de ses 19 histoires vous accroche dès la première phrase. A tel point qu’on se demande si Joanna Jarecka-Gomez, qui est d’abord politologue et traductrice, a bien écrit ici son premier livre.
Ecrites dans un style enlevé, les nouvelles sont ancrées dans la réalité du monde globalisé d’aujourd’hui. On y reconnait sans peine situations, personnes et problèmes que nous cotoyons dans la vie quotidienne sans nous y intéresser de près, tant nous sommes absorbés par notre propre vie.
Le meilleur exemple se trouve sans doute dans l’histoire „ L’offre ”. Le héros reçoit des e-mails et des SMS de menaces. Au début, il tente d’y échapper en partant avec sa femme en vacances dans une ville de cure à la mode. Cependant, il ne se sent pas en sécurité. Il tombe dans la paranoïa. Il vend alors sa maison qui lui semble devenue trop grande pour assurer sa sécurité. Sa femme le quitte et ses amis l’abandonnent.
Un jour, il entend des pas dans le hall. Il est persuadé que c’est son persécuteur. Il meurt d’une crise cardiaque sans avoir eu le temps de lire que toutes les menaces avaient été rédigées par des étudiants en sociologie qui exploraient les réactions des personnes soumises à des menaces.
« Le jagüey et autres récits » : un livre à lire sans modération pour en découvrir toutes les tonalités.
Joanna Werynska
Gazeta Krakowska
Eric-Emmanuel Schmitt -géant de la littérature populaire contemporaine et maître des récits courts en prose – dans l’un de ses livres, écrit à propos de la méthodologie de la bonne nouvelle :
„ La nouvelle est l’esquisse du roman, un roman dans lequel on a effacé tout ce qui est pas essentiel. C’est un genre très exigeant qui ne supporte pas l’erreur. Autant peut-on traiter le roman comme une pièce en désordre, autant cela est imposible dans la nouvelle. Il faut mesurer exactement l’espace destiné à la description, aux dialogues, au déroulement de l’action. S’il y a la moindre faute de construction dans l’oeuvre, on la remarque immédiatement. Enlever du récit ce qui n’est pas essentiel, éviter les péripéties inutiles, savoir suggérer habilement, dégraisser le texte à bon escient… cela exige du temps, cela exige des heures d’analyse et de critique ”.
On peut dédier ces mots à Joanna Jarecka-Gomez car ils conviennent parfaitement à ses débuts littéraires. Si « Le jagüey et autres récits » est un livre de taille modeste, il n’en est pas moins riche par son contenu pertinent et attachant. A travers des textes courts et précis, l’auteur parvient à construire une narration passionnante et originale (souvent avec une fin inattendue à la Hitckock). Sans oublier qu’une grande place est laissée à l’interprétation personnelle du lecteur, à ses réflexions et à ses interrogations.
Bien qu’ils soient courts, ces textes nous touchent au cœur… Joanna Jarecka-Gomez excelle à pénétrer dans l’âme humaine et à décrire ce qu’elle y voit : les éttas émotionnels, les tentations, les failles mais aussi les héroïsmes qui s’y nichent. En même temps, tout cela se confronte avec ce qui est visible de l’extérieur : nos émotions, nos relations avec les autres, avec le monde contemporain et les mécanismes qui le régissent.
« Le jagüey et autres récits », c’est un petit livre digne d’une grande attention.
Sławek Łużny
Echo Limanowskie